Je préfère les coquelicots
J’ai dit à Costa une fois que je ne savais pas mentir. C’est faux. C’est juste que je ne sais pas lui mentir à lui. Je veux dire pour de vrai. On embellit toujours, au début, moyennement, complètement, j’en sais rien. Ou on ne dit pas tout. Mais je n’ai jamais su lui dire n’importe quoi sur moi. C’est à cause de ses yeux qui sont trop clairs. Même quand il fait noir, sa pupille est minuscule et ça te regarde en plein dedans. En plein dans mes pupilles de chat, énormes, qui deviennent toutes transparentes et désarmées. Alors on dit la première chose qui nous vient. Et toujours, c’est la vérité.
Je n’ai jamais détesté Nala . Même aujourd’hui. J’y arrive pas. Elle m’exaspère beaucoup. Je me suis souvent moquée de son manque de tact quand elle venait chercher des informations sur Costa et moi, mais finalement je trouvais surtout ça mignon, parce qu’elle aimait fort et que ça la rendait maladroite. Parfois, je la frapperais bien. Mais je n’arrive pas à la détester.
On me prend toujours pour un glaçon. Et souvent c’est ce que je suis. Mais ça m’arrive d’avoir envie de donner de la chaleur aussi. Kournikova , j’adore lui donner des câlins. Parce que parfois je sens quelle a plus froid que moi. Faut que je la réchauffe.
Hier je me demandais qui j’étais. Je me rend compte que ça dépend des gens. J’ai une grosse voix avec mes parents. J’ai un rire strident avec mes femelles. J’ai une petite voix avec Costa. Je suis muette, même, parfois. Yen a une constante. Comme une personnalité de base, prédominante, qui reste là presque en permanence. Et puis quelqu’un va entrer dans ma vie, se mélanger à moi, et pouf, y a une autre personnalité cachée qui va se pointer. C’est un peu comme des aimants. L’autre arrive avec les siens placés d’une certaine façon et ça va attirer mes aimants à moi, mais selon la combinaison de l’autre. Alors ça sera un nouveau moi. Avec des trucs que je connais et d’autre non. Ca surprend. Y a des fois où j’aime pas ça et je m’en vais. Mais y a des fois où je laisse faire parce que j’adore ce nouveau moi, je trouve qu’il mérite bien de sortir un peu et que presque j’en serais fière. J’arrive à m’aimer, grâce à ce que l’autre fait sortir de moi. Et si l’autre s’en va ? Je meurs. Enfin cette part là, que j’aime. Elle meurt.
Je me demandais aussi où est le bon des gens ? Pourquoi on le voit qui brille au début, même que ça fait mal aux yeux, et puis ça s’en va. Juste parce qu’ils ont décidé d’être con, pour changer. Ou juste pour briller ailleurs, j’en sais rien. Et moi en gamine insatiable, j’voudrais que les gens soit constant. Qu’il brille toujours pareil et au même endroit. Parce qu’on a beau dire qu’il faut évoluer et marcher droit. Moi j’préfère tourner en rond autour d’un truc immuable. Y a de toute façon trop de choses à voir sur une seule personne. Trop de recoins inavoués, inexplorables. Y a pas assez de temps pour tout savoir d’une personne qui serait toujours la même. Alors si en plus elle se met à changer…
J’ai fait des erreurs. Beaucoup. Mais je crois que ça ne compte plus. Les erreurs, si on les laisse nous dire qui ont est, elle nous diront surtout qui on sera, et on avance plus, on reste là à pleurnicher. A se demander pourquoi j’ai fait ça ? Mais qu’est ce qui m’a pris ? Les choses arrivent souvent pour une raison. J’en ai marre d’être désolée. J’ai tué personne. J’ai pas été un ange, mais qui l’a été, en vrai ? J’ai décidé que c’était l’heure. L’heure d’être fière de soi. Pour le reste je veux dire. Parce qu’il n’y a pas que les erreurs, et je plains ceux qui ne voient qu’elles. J’ai fait de belles choses, aussi.
J’ai voulu aimer des gens qui n’ont pas voulu se laisser faire. Ca m’a fait mal. Et je m’en suis remise. Je m’en remet toujours parce que je crois que je suis forte. Même si je me plains souvent. Au final, je me relève.
Je sais que je ne sais pas aimer normalement, dans la longueur. Moi je fais ça dans les zigzag et puis ça dépend des gens. J’aime pas aimer avec des mots. Les mots c’est que pour les romans, que pour faire rêver. C’est pas pour la vie en vrai. En vrai, c’est les yeux qui parlent.
Et puis moi, je préfère les coquelicots.Ecrit par ryne, le Jeudi 28 Juin 2007, 16:36 dans la rubrique "*-_Vue d'ici_-*".
Commentaires
manzin
29-06-07 à 00:07
globalement, les articles où tu parles pas de moi je les trouve un peu fade...
autrement, sinon, je trouve que c'est une bonne réflexion de fond qui prouve que t'es sur la bonne voie, c'est bien !
J'aime bien ton image des personnalités avec les aimants truc chose, c'est une bonne métaphore, pas mal du tout!
Repondre a ce commentaire
Re:
ryne
29-06-07 à 00:19
Manzin vient me dire que je suis fade. C'est sympa...
J'ai l'égo qui par en miette. Sinon ça va.
Repondre a ce commentaire
aphone
29-06-07 à 18:17
T'as bien raison, c'est kioul les coquelicots.
Mais t'accuses pas tout le temps, j'te l'ai déjà dit, mais tu mets trop la faute sur ton compte, alors que le p'tit Costa, l'est pas complètement innocent. C'est aussi de sa faute.
Voilà pouet : Girl Power, les mecs c'est nul, ça croit que c'est musclé mais c'est pas musclé ... ^^
Repondre a ce commentaire
Songe
30-06-07 à 23:45
J'hésite parfois à mettre un commentaire parce que je préfèrerais aussi dire les choses dans les yeux ou de vive voix au moins mais comme j'en ai rarement l'occasion, je fais avec ce que j'ai. En tous cas je n'ai pas trouvé ton texte fade pour ma part, je l'ai trouvé empli toujours de cette même maturité que j'apprécie chez toi, cette faculté de retour lucide sur soi.
Je connais un peu ce sentiment d'amour qui ne se laisse pas faire et des apparences qui faussent la donne : j'ai toujours ce cruel soucis au premier abord que l'essentiel de ce que je voudrais donner reste cristallisé et se perd finalement, là où d'autres personnes trouvent les portes qui s'ouvrent sur leur passage avec une facilité déconcertante.
Aimer dans la longueur c'est aimer autrement, c'est quand le temps fait demeurer des gens qui brillent moins à nos yeux mais comptent malgré tout beaucoup à notre coeur. On courre souvent après ce qui brille en laissant un peu de côté ce qui s'est terni à force de le voir tous les jours. Mais il y a toujours des choses qu'on laisse derrière et qui peuvent rebriller à nos yeux demain, quand on se rendra compte qu'on a laissé quelque chose de précieux à quelqu'un ou quelque chose et qu'il nous rpaporte ensuite.
Je ne vais pas t'envahir de mots mais je voulais simplement te dire : j'aime bien les coquelicots, c'est beau qu'en liberté, sinon ça fâne vite :)
Repondre a ce commentaire
Re:
ryne
01-07-07 à 18:29
J'aimerais appliqué cette lucidité autant que je la pense et l'écris. J'ai du mal à concillier ce que je pense avec comment je ressens. Ca s'oppose constament. C'est peut être un peu pour ça que les portes se ferment. Parce que je ne suis pas complète d'une certaine façon, et que peut être, ça se voit. Mais je fais comment, pour reconcillier ces deux parts de moi?
En tout cas ne te retiens jamais de déposer tes mots, ici c'est un peu un roman pour les autres, alors les mot sont tout ce qu'il y a.
Repondre a ce commentaire